Les différents styles

Bon nombre des informations qui figurent ici ont été recueillies à l’occasion de master class dispensés par la danseuse Nesma Al Andalus mais surtout lors de séminaires intensifs animés par le danseur et chorégraphe Khaled Seif qui consacre sa vie à ses recherches et à la transmission de la danse orientale.

BALADI

La danse Baladi est une danse populaire urbaine. Baladi signifie : mon pays, chez moi. Baladi dans certains contextes signifie « traditionnel ».

Les égyptiens ont développé une certaine fierté nationale, peut être du fait que l’Egypte ait été longtemps occupée. Incontestablement l’identité et la culture nationale ont une place importante dans le coeur des égyptiens.

La musique Baladi est une musique populaire qui est apparu au XXème siècle. Musique qui vient de la rue, du peuple et se transmet par transmission orale en opposition à la musique savante.

La musique Baladi aurait émergé à la suite de l’exode rural et aurait été influencée également par les sonorités de l’étranger.

Les instruments mélodiques traditionnels tels que le nay, le rababa, sont remplacés peu à peu par le violon, l’accordéon le saxophone, le synthétiseur.

Les instruments de percussions utilisés sont : le tabla (darbuka), la dohola, le duff, le mazhar, le riq.

Le baladi est aujourd’hui encore en pleine évolution. La musique électronique remplace les instruments traditionnels. Le style shaabi (= populaire) et le style mahragan(=festival) en sont le résultat.

Le répertoire :

Deux chanteuses contemporaines à la voix rauque accompagnent les célèbres danseuses du caire sur le répertoire baladi : Fatme Serhan et Hoda el Sombaty.

Exemples de chansons baladi

  • Taht shabbak : film « la femme et le pantin »1946 avec Taheya Carioca. Aujourd’hui encore plus popularisé par la danseuse Dina
  • Bent al sultan : 1969 Ahmed &Adaweya
  • Baladi yawad : Ahmed &Adaweya
  • Habibi ya &eini : 1983 Maya Yazbek
  • Edella ala kefak : 1981 Mawad al Arabi

Baladi Awadi

(appelé aussi Baladi Accordéon ou Ashra baladi ou encore Baladi Progression)

Awadi : Vient du mot « 3oud » (luth) .

Ashra Baladi (On suppose que cette appellation viendrait peut-être de 10/10, ashra signifiant 10 ou encore peut être parce qu’au départ la structure du baladi awadi aurait eu 10 sections…)

 Certains l’appellent également Taqsim Baladi (Même si le taqsim, qui signifie improvisation ne se retrouve qu’en début de morceau voire brièvement à la fin.)

Le baladi awadi se compose globalement d’un taqsim et d’une forme de question réponse entre la mélodie et la percussion. Le baladi awadi est un style à lui tout seul dans le style baladi

Exemples :

Amentebellah : 1940 Laure Dakash et Hassan ya Gouli et Genina : Zamalek musicians

Exemple de Structure typique du baladi awadi :

  • Introduction(peut être roulements darbuka)
  • Taqsim : Improvisation (accordéon ney, etc..)
  • 1ere Question-réponse : (Soual ou gawab en arabe)
  • Sakat(entre mélodie et percussions)
  • Section rythmique lente(Phrases issues de chansons très connues ex : amentbillah ou Hassan) Rythmes : masmoudiseghir ou wahda
  • 2ème question-réponse : Takat, Tet (musique coupée)
  • Section rythmique plus rapide. Rythmes : Maksoum rapide et Fellahi (Engerara : qui signifie tirer en arabe)
  • Tabla solo (optionnel)
  • Final, phrase mélodique typique ou reprise du taqsim

Quel costume pour les danseuses :

  • Cela peut être une galabya : Pour interpréter le rôle de ces femmes de pouvoir qui portaient les galabyas de leur mari dans leur commerce durant l’absence de ces derniers, afin d’imposer une certaine autorité et d’inspirer le respect maalema)
  • ou une robe longue ceintrée ou évasée (avec des manches mi-longues plutôt ajustées (les manches évasées étant réservées d’avantage pour le style saïdi)
  • Un foulard dans les cheveux et une ceinture sur les hanches
  • Les accessoires utilisés seront les sagattes, la canne (cf fifi abdou) et la Melaya (souvent utilisée pour caractériser le style d’Alexandrie)

Caractéristiques et techniques de la danse baladi

Il s’agit traditionnellement d’une danse soliste.

Le style est plus naturel, plus relâché, plus épuré et plus terrien que le style sharqi. La danseuse dansera d’avantage pieds plats et utilisera moins souvent les demi-pointes que dans le style sharqi plus aérien.

Le bassin est très utilisé, les rotations et les ondulations sont à l’honneur et les déplacements sont minimalistes.

Il s’agit du style dansé par les égyptiens à la maison ou lors de célébrations (baptême, mariages, etc..)

Interprétation du baladi awadi

L’expression et l’interprétation tiennent une place prépondérante. Le baladi awadi peut s’apparenter à un blues oriental ; le ressenti est très important. Traditionnellement la danseuse improvisera avec l’orchestre.

La danseuse doit savoir quel type de femme elle souhaite interpréter : une femme issue du milieu populaire ou d’un milieu plus bourgeois. Mais ceci toujours avec ce brin de coquetterie qu’on appelle « dalaa ». L’attitude Baladi mélange la sensualité naturelle, la spontanéité, la force de caractère et un certain sens de l’humour.

Il s’agit d’une progression émotionnelle, le taqsim au début du morceau est intense et profond, les mouvements de la danseuse seront en général plus intériorisés.

Ensuite lorsque de la section question réponse arrive, l’ambiance est plus gaie plus enjouée jusqu’à l’explosion finale.

Au moment des questions réponses, la danseuse oscillera entre la mélodie et la percussion au gré de ses envies mais surtout en essayant de percevoir si la mélodie ou la percussion domine.

Cf film « El maalema » 1958 avec Taheya Carioca  ou  la comédie musicale “Hazemnyya”, 1994 où Fifi abdo incarne la femme du peuple et le baladi dans toute sa splendeur .

Les rythmes utilisés dans le baladi awadi :

Masmoudi seghir (Baladi), Masmoudi kebir, Maqsoum, Saidi, Wahda, Wahda kebira, Maqsoum Sarih (rapide)  et /ou Fellahi}Aflah

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

MUWASHAHAT

Le style muwashah est un style classique, une forme de poésie mise en musique.

Origines

Muwashahat (ou Mouachahat) est le pluriel du nom Muwashah. Le nom muwashah tire son origine de washaha, (verbe), qui veut dire embellir ou orner, et de wishah (substantif); c’est un mot arabe, qui désigne une ceinture ou une étole perlée et ornée de pierres, que portaient les femmes andalouses sur l’épaule, la tête ou encore nouée autour de la taille, durant l’époque de Al Andalus, époque de l’occupation musulmane de la péninsule ibérique. (711-1492)

Amina Alaoui, interprète et chercheuse dans cet art, nous explique « En poésie, la relation entre son refrain et les mutations de rimes suggère l’ornement de cette parure ». Le muwashah, serait né à Cabra (Cordoue) à la fin du Xe siècle, et inventé par le poète : Muqaddam Ibn Mu’afa.

Né en Andalousie ? Pas si évident… Quand on creuse un peu on s’aperçoit qu’il existe plusieurs courants de pensées, dont certains avancent avec des arguments solides que le muwashah serait né en Orient et exporté en Andalousie.

Enrichi au fil du temps, évoluant dans une mouvance multiculturelle, le muwashah est marqué par un métissage linguistique et mélodieux à l’image de l’Andalousie médiévale; une mosaïque où cohabitent berbères nord africains, arabes, persans, juifs séfarades, coptes et espagnoles…

Mais c’est sans conteste le musicien et théoricien Ziryab, qui opéra une impulsion nouvelle dans le muwashah. Il modifia la structure et créa la musique arabo-andalouse (Noubat el Andaloussia)

Plus tard, au 19ème siècle, les Syriens et les Egyptiens choisiront d’incorporer la forme poétique de ce style musical datant d’Al Andalus dans leurs propres compositions musicales. Il s’agira là d’un genre musical tout à fait différent de ce qui était joué durant l’époque Al Andalus et qui de ce fait diffère totalement du style arabo-andalou joué au Maghreb. (= héritage plus direct de la musique d’Al Andalus).

Pour les muwashahat égyptiens et syriens, les modes (maqams) seront orientaux c’est à dire du machreq et les rythmes et les mélodies seront très différentes de la musique de l’époque Al Andalus.

Le style des Muwashahat au machreq fut également très influencé par certaines formes instrumentales turques durant la période d’occupation ottomane.

Peu à peu avec l’influence des étrangers, les instruments de l’orchestre traditionnel, le takht (qanoun, oud, ney, riq) intègrent des instruments occidentaux comme le violon.

Les thèmes principaux abordés dans les poèmes des Muwashahat sont des thèmes souvent romantiques et utilisent énormément de métaphores ; ils célèbrent l’amour, la beauté de la femme, le vin, les jardins.

Structure typique des muwashahat

La structure du muwashah peut varier et s’avérer très sophistiquée mais en général elle est composée de 3 parties :

  • 1ère partie appelée Dawr, peut être suivie par un ou plusieurs Dawr qui auront la même mélodie et le même rythme
  • 2ème partie appelée Khana (refrain)
  • 3ème partie appelée Qafla ou Ghita qui utilise la mélodie et le rythme du 1er Dawr et qui mènera jusqu’à la fin du Muwashah

cf compositeur Egyptien : Sayed Darwish = 1892-1923

cf compositieur Syrien : Sabah Fakhri  1933-2021

cf le morceau Lamma Bada Yatathana

Les Rythmes : 

Un certain nombre de rythmes binaires bien connus du répertoire oriental sont utilisés dans les muwashahat, par exemple le masmoudi kebir, le wahda, le bambi, etc..

Les rythmes aussi très utilisés sont le Samai Saraband et le Samai Darij (3 temps), le Yuruk samai (6 temps) ou encore le Nawakht (7 temps).

Le rythme le plus populaire utilisé dans les muwashahat est le rythme Samai Thaqil qui compte 10 temps, les repères sont assez simples dans les muwashahat utilisant le Samai Thaqil car le rythme et la mélodie sont étroitement liés . Mais il en existe beaucoup d’autres, des rythmes à 9, 11, 12, 13, 14,16, 19 temps, etc.. sont également largement employés et les repères demeurent assez complexes. Un des rythmes complexes le plus utilisé est le rythme à 14 temps : Le Muhajjar.

La Danse

Le premier à chorégraphier les muwashahat serait l’Egyptien Mahmoud Reda (1979).

Cf chorégraphie de Farida Fahmy , danseuse de la troupe Reda sur  “Garib Al Dar” (Foad Abdel Magid)

En 1979 Mahmoud Reda n’avait aucune référence dans le temps et aucune référence de danse traditionnelle pour créer ses chorégraphies. C’était la première fois que le Muwashah allait être présenté comme un spectacle de danse. Mahmoud Reda a alors puisé dans son imagination et son sens artistique pour inventer un nouveau style. La forme musicale de ce genre avec ses motifs rythmiques variés et sa forme poétique a énormément influencé son choix de combinaisons, construites avec des mouvements d’une grande fluidité. Le style « ballet » avec ses nombreux déplacements, ses arabesques et ses ports de bras d’une grande élégance, caractérise cette danse. Alors que les mouvements de bassin sont présents mais peu nombreux et d’une grande délicatesse.

En 1979, la diffusion à la télévision égyptienne des tableaux dansés muwashahat de Mahmoud Reda a rencontré un grand succès auprès du public en Egypte et dans le monde arabe et a largement contribué à faire de lui la principale référence pour le style Muwashahat.

Style Neo-Andalus : Aujourd’hui la danseuse Nesma a créé un nouveau style mêlant le style ballet-classique, le style Reda et en y intégrant des mouvements de bras inspirés des danses espagnoles.

Par dessus tout, elle met un point d’honneur à essayer d’éliminer la confusion qui existe afin que définitivement les gens cessent de définir le style mouhachahat comme un style arabo-andalous. Le style arabo-andalous est joué au maghreb et diverge complètement du style mouachah joué au moyen-orient.

Les Costumes :

De la même manière que pour les chorégraphies, concevoir des costumes pour les Muwashahat était quelque chose de novateur. Farida Fahmy a conçu ces costumes pour la troupe Reda avec une grande liberté. La conception des costumes a été réalisée en même temps que les chorégraphies, ce qui lui a permis de bien adapter chaque costume à chaque mouvement tout en prenant soin de bien respecter le thème du morceau.

Ces costumes étaient par exemple des sarawil (pantalons bouffants), des gilets, ou abayat (robes fluides et très longues). Farida Fahmy semble s’être largement inspirée des tenues d’Afrique du Nord. En effet on ne peut pas ignorer une similitude évidente avec les tenues traditionnelles algéroises…

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

MELAYA

La Melaya est utilisée comme accessoire pour interpréter la danse Baladi (la danseuse porte alors une galabeya ou une robe longue) mais elle est aussi utilisée pour interpréter une danse sur une musique de la région d’Alexandrie. (La danseuse portera alors une robe courte colorée) . Avec la melaya est systématiquement associé un autre accessoire ; le mandil (foulard avec pompons dans les cheveux).

Textuellement la melaya leff signifie “châle/drap enveloppant/enroulé”.

Jusque dans les années 80, la melaya était portée en Egypte par toutes le femmes, toutes classes sociales confondues. Certaines femmes pouvaient porter en plus de leur melaya des burkas (voile avec sorte de grillage) ou des yachmak (seulement tissu)  pour cacher leur visage. Le lingot en or entre les yeux plus ou moins imposant témoignait de leur richesse.

Les femmes bédouines portaient elles aussi des melayas avec des burkas confectionnées artisanalement et décorées de sequins en or en fonction de leur niveau social.

Malgré une certaine modernisation dans la manière de se vêtir à partir des années 80, les femmes d’origine modeste conservent la tenue traditionnelle et la melaya, en effet les vêtements occidentaux restent chers.

« Bint el-balad s’enveloppe de la melaya laff de façon à ce que sa taille et ses hanches soient clairement définies afin de mettre en valeur sa silhouette. Ce surtout permet de laisser voir certaines parties du corps, comme un bras nu, alors que l’autre est couvert…le foulard est supposé couvrir ses cheveux, cependant il est généralement suffisamment lâche pour continuellement glisser à demi, obligeant des arrêts fréquents pour l’ajuster ainsi que la melaya. Par conséquent, au milieu de la rue, bint el-balad peut enlever son foulard, l’attacher de nouveau autour de ses cheveux, puis ré-envelopper la melaya autour de son corps, tout cela lui permettant de réaliser une série de gestes séduisants par lesquels elle attire l’attention des passants.. » Sawsan Al-masri.

Dans l’interprétation dansée on retrouve ce bras à l’extérieur de la melaya qui va permettre à la femme de faire ses courses, de payer le commerçant, de parler avec la main ; on sait à quel point la femme égyptienne aime s’exprimer de manière animée avec les mains !

La melaya peut être également étendue au sol, afin que la femme égyptienne s’y assoit et puisse converser librement avec les autres femmes, elle pourra également attacher cette melaya autour du bassin pour s’exprimer avec ferveur, donc avec de grands gestes, par exemple lors d’une dispute.

La danse avec la Melaya Leff n’est en aucun cas une danse traditionnelle d’Alexandrie comme souvent elle est présentée. A l’origine cette danse théâtrale pour la scène a été crée par la troupe de Mahmoud Reda.

SHAABI

Le style » shaabi » signifie littéralement « du peuple ». Il s’agit d’un style relativement récent, il est une version plus moderne du baladi. Il n’est d’ailleurs pas toujours très aisé d’identifier si une chanson fait partie du répertoire baladi ou du répertoire shaabi, tant la frontière est mince.

Les chansons shaabi évoquent les préoccupations de la vie quotidienne et certaines paroles peuvent être très contestataires.

Pendant un certain nombre d’années ce style avait l’appellation « Baladi pop ». Un des chanteurs les plus connus est le chanteur égyptien Hakim.

Le style de danse « street Shaabi » est apparu peu à peu, les danseuses, les pouces en l’air pour imiter des couteaux, arboraient alors des jeans déchirés à paillettes pour leurs prestations sur scène.

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

MAHRAGAN

« Mahragan » est une appellation qui a remplacé récemment l’appellation « street shaabi ». Il s’agit là d’une danse populaire.

Mahragan signifie textuellement « Festival » Le mot festival évoque la multitude des couleurs, des musiques, etc..

Il existe deux styles de musique émergeants de Mahraganat : le style populaire  (cf chanteur Hamo Bika avec la chanson Enti Mealema) mais également le Mahragan Rap, (cf chanteur Wegz).

A la fin des années 90 les DJ ont commencé à mixer des morceaux populaires ainsi que des classiques de la chanson égyptienne. Plus tard, ces morceaux sont devenus des morceaux électroniques auxquelles ont été ajoutées quelques fois des voix métalliques mais qui ont conservé en revanche une base rythmique égyptienne (Maqsoum très souvent).Ces dernières années ce nouveau courant a permis aux jeunes de développer des styles de danse très personnels et les battles à la manière hip hop sont très appréciées.

Plusieurs chanteurs de Mahragan sont interdits aujourd’hui en Egypte du fait de certaines paroles jugées trop extrêmes par la censure.

Ce style de musique et sa danse seraient apparus dès 2006 dans le quartier du Caire « Dar Al Salam » mais ce style a émergé de manière significative à la suite de la révolution de 2011. Il faut dire que l’accessoire prépondérant de cette danse est le couteau, et il était impossible de déambuler dans les rues avec un couteau avant la révolution sous peine d’arrestation. Le relâchement des contrôles avec la rébellion des jeunes vis-à-vis de la police a définitivement permis l’expansion de ce style.

Le Mahragan est donc né dans les quartiers populaires mais aujourd’hui il est dansé partout, dans la rue, dans les bus, à l’occasion des célébrations comme les mariages, les naissances ou la fin du ramadan.

Les jeunes se sont inspirés de danses modernes occidentales (break-dance, hip-hop,) en conservant les pas et attitudes de la danse shaabi, en accentuant les mouvements de bras et utilisant des couteaux de boucher. 

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

TAQSIM

Les maqamat sont, dans les musiques orientales, bien plus que des modes. Ils
ont chacun une couleur, une “âme” qui influence profondément le caractère
de la musique. Les musiciens doivent, par leur jeu, leurs improvisations,
“explorer” et “révéler”, au mieux, le maqam choisi pour la pièce. 
Les musiques prennent alors souvent la forme de longues improvisations,
souvent sans rythme (temps lisse), où l’instrumentiste parcourt le mode,
montre tout son savoir-faire dans la variation, l’improvisation et
l’ornementation. C’est ce que l’on appelle les taqasim (pluriel de taqsim). 
C’est la forme la plus avancée, la plus aboutie et la plus difficile à maîtriser,
des musiques orientales.
Après une exposition du mode, le musicien enchaîne les phrases en montant
progressivement vers l’aigu. Il improvise alors sur le mode en utilisant des
broderies, des tournoiements. Il peut même, parfois, sortir du mode, explorer
un autre mode, pour revenir ensuite au mode de départ.
C’est dans les taqasim que s’exprime tout l’art de l’improvisateur.
Durant les improvisations, les autres musiciens accompagnent généralement à l’aide d’un bourdon (note tenue dans le grave) sur la fondamentale du mode
ou d’une formule mélodique simple en ostinato (répétée).

SHARQI

Le « Raqs Al Sharqi » qui signifie danse d’orient, est aujourd’hui la forme la plus enseignée dans le monde. Elle apparait sous la dénomination « belly dance » dans les années 60 aux États-Unis. C’est seulement quelques années plus tard qu’elle est introduite dans les pays européens.

La naissance de la danse orientale daterait de la préhistoire et trouverait sa source dans les danses primitives, notamment dans les rites de fertilité des populations nord-africaines. Les gravures rupestres et les statuettes en terre cuite préhistoriques qui ont été découvertes étayent cette thèse.

En Egypte, et plus largement dans les pays arabes, la danse orientale connait une véritable consécration à partir des années 20 et 30, c’est-à-dire dès le début de l’âge d’or du cinéma égyptien. Les danseuses et actrices Samia Gamal, Tahya Carioca, Naima Akef et Nagwa Fouad deviennent alors de véritables légendes.

Cette danse aérienne Influencée par le ballet classique occidental et les danses latino-américaines, est considérée comme « noble ». Elles se danse sur demi -pointes et se caractérise par des arabesques, de nombreux tours et déplacements dans l’espace.

Influencées par les comédies musicales américaines, les danseuses du cinéma égyptien adoptent alors les costumes deux pièces à paillettes et dansent sur les plus grands morceaux classiques égyptiens.

Le style sharqi est principalement utilisé pour interpréter des morceaux classiques, notamment les chansons d’Oum Kalthoum, Mohamed Abelwahab, Abel Halim, etc..  Mais aussi pour les danses d’ouverture qu’on appelait « Routines » il y a quelques années. Aujourd’hui ces danses qui ouvrent le show de la danseuse orientale sont appelées « Mejance », « Mejancy » ou « Megancy » qui vient du mot français « Mise en scène ». Cette danse d’ouverture a une structure particulière et peut intégrer outre le style sharqi, différentes thématiques et différents styles (baladi, saidi, khaleegy, solo tabla, etc…) 

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

SAÏDI

Le style Saïdi, vient de la région située entre Gizeh et Louxor. Les instruments typiques du Saidi sont le mizmar et le rababa.

Le Saïdi au départ est une danse d’homme qui tire son origine d’un art martial de l’époque pharaonique.

Les mouvements de danse sont puissants et harmonieux à la fois.

Le saïdi peut se danser avec ou sans bâton (assaya saïdi). 

Le rythme saïdi est une variante du masmoudi saghir, car la quatrième frappe sera un doum plutôt qu’un tak.

Le costume de scène :

La robe de la danseuse est une robe qui ressemble à la robe baladi mais les manches seront longues et évasées. Le foulard sur la tête se portera plus en avant sur le front que pour le baladi.

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

FELLAHI

Le mot Fallahi signifie “paysan”, il s’agit donc là d’un style de danse traditionnel dansé à l’origine par la population paysanne vivant dans le delta du Nil, notamment dans la région appelée Sombat (au nord du Caire).

C’est une fois de plus Mahmoud Reda qui a revisité cette danse traditionnelle et l’a enrichie pour pouvoir la présenter sur scène. Avant la touche Reda, les paysans dansaient plutôt librement, de manière spontanée une danse qu’on définit comme Al Fakah à l’occasion des cérémonies familiales.

Technique de danse :

La gestuelle utilisée pour cette danse est empruntée aux tâches quotidiennes des paysans ; les femmes miment le pétrissage du pain, la traite des vaches, la récolte des fruits dans leur couffin et le transport de l’eau dans des cruches qu’elles portent sur la tête (Balas dance).

Les mouvements sont très amples, souvent la robe est tenue avec une main sur le côté ; la danseuse fait virevolter sa robe sur un côté avec des grands mouvements de bras. Les tremblements ou vibrations sont inexistants.

Costumes de danse :

Les robes des danseuses sont des robes très larges avec un grand volant sur le bas de la robe. Elles portent très souvent des tresses, un long foulard sur la tête, un collier traditionnel avec des lunes superposées (kerdan). Elles utilisent très souvent des couffins ou paniers en osier ainsi que des cruches (confectionnées pour la scène avec des ballons de baudruche et du papier journal).

Les hommes portent un pantalon court et sa gallabya est nouée enfin qu’il puisse s’en servir comme de panier dans lequel il pourra récolter ses fruits et ses légumes. L’homme est pieds nus ou en Boulgha (baboush).

Instruments et rythmes :

Les instruments de musique utilisés pour le style fallahi sont les mêmes que pour le saïdi :

Mizmar, tabla, Rababa, Arghoul (flûte double).

Le rythmes utilisés seront :

Le rythme fallahi, engerara, Malfouf, sombati, et Maqsoum

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

MANBOUTI

(ou Mambouty ou bambouty ou Bambooty)

Origines :

Le Manbouti est au départ dansé uniquement par les hommes, il est classé dans les styles folkloriques même s’il a été très enrichi au fil du temps pour être présenté sur scène.

Le nom Manbouti a été inventé à partir des mots : Man + Boat. D’ailleurs on appelle aussi cette danse la danse des pêcheurs.

Cette danse est originaire des villes d’Ismaïlia, de Port Saïd et de Suez.

Caractéristiques de la danse :

C’est une danse très joyeuse et très sautillante. 

La plupart des gestes imitent le quotidien des pêcheurs ; on jette le filet, on tire les cordes de la voile du bateau, on attire les poissons en frappant sur le bord du bateau avec des cuillères, etc.. La danse avec les cuillères est d’ailleurs très populaire.

Lors de la construction du Canal de Suez, les pêcheurs faisaient du commerce avec la population en charge de la construction du canal. Ce sont aussi ces gestes revisités qui ont été source d’inspiration pour la mise en scène de ce folklore.

Le costume de danse :

Les danseurs portent souvent un pantalon type saroual, un tee shirt, un petit gilet, un berret de marin (ou bob). Aujourd’hui pour la scène on voit des danseuses porter des jupettes mais il s’agit d’une libre interprétation.

Le premier groupe qui aurait présenté sur scène le Manbouty serait la troupe folklorique égyptienne el kaomeyya troup. Aujourd’hui on peut aisément trouver sur internet des vidéos de Manbouty du groupe égyptien très populaire : El Tanbura.

Les paroles :

Le thème le plus utilisé bien entendu est celui de la mer, on parle de poissons, de coquillages et certaines chansons parlent aussi de religion.

Les instruments de musique :

Au départ, les instruments de percussions étaient des objets de la vie quotidienne : cuillères, bouteilles en verre, bassines ou boîtes de conserve. Le tabla et les instruments de percussions traditionnels sont venus petit à petit remplacer ces objets.

L’instrument qui domine est le Simsimiya, un instrument de la famille de la lyre et qui comporte de 6 à 30 cordes.

Les rythmes :

Les plus utilisés sont : Le Malfuf, Le Fellahi, le Maqsoum, Saidi.

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble

TANOURA

Tanoura signifie jupe. Cette danse est classée dans les danses traditionnelles religieuses. Elle trouve sa source dans un rituel qui était pratiqué par les derviches d’une secte soufie du Caire. Aujourd’hui on la considère comme un folklore, on la retrouve très souvent dans les cérémonies festives.

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DABKE

KHALEEGY

Les pays du Golfe c’est à dire le Koweit, Bahrein, Les Emirats Arabes Unis, Oman et le Yemen sont appelés le « Khalig » en arabe.

La danse Khaleegy est dansée par des femmes aux cheveux très longs.

NUBIEN

La population nubienne, située principalement entre Assouan et le Soudan fut contrainte de s’exiler avec l’achèvement du barrage d’Assouan. Malgré ce destin compliqué, les nubiens ont la réputation d’être une population très joyeuse et rayonnante. Leurs danses (Kaf dance, Hamama dance ou Arageed dance) reflètent assez bien cet état d’esprit. Les nubiens dansent pour toutes les célébrations, et tout est prétexte à danser.

Il s’agit de danses de groupes, et dansées par les hommes et les femmes aussi aujourd’hui.

Les gestes sont assez répétitifs mais le folklore initial a été très enrichi pour pouvoir être présenté sur scène. Les mouvements du bassin sont très peu utilisés et on retrouve bien les postures utilisées en afrique noire dans le sens où le haut du corps ne cherche pas à former un axe vertical. Ce sont des danses très enracinées. Chaque danseur doit afficher un large sourire pour bien représenter l’état d’esprit de cette population.

Les costumes :

Sur scène les danseurs ont généralement pris le soin de se foncer la peau avec du maquillage pour bien illustrer la peau noire du peuple nubien. Les costumes sont très colorés, les femmes portent de longues gallabeyyas de couleur et ont les cheveux nattés. 

Les instruments :

Aujourd’hui les instruments les plus utilisés dans ce répertoire sont le duff, le tabla, et le tamboura (instrument à cordes) et le oud. Aujourd’hui le synthétiseur remplace les instruments traditionnels

Les rythmes  : 

Malfuf, Maqsoum, Fellahi  pour les morceaux populaires contemporains mais il existe des rythmes beaucoup plus compliqués.

Malgré le fait d’avoir été éloignés de leurs villages d’origine, les Nubiens revendiquent leur culture et leurs traditions, et encouragent énormément la nouvelle génération à respecter ce patrimoine et à le faire vivre.

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Ghawazy

Les ghawazy sont des danseuses issues de groupes nomades qui auraient voyagé de l’Inde jusqu’en Egypte au XVIème siècle. On distinguait en Egypte trois groupes distincts de nomades (Ghagar, Nawar, Hangaraniah) qui se localisaient en haute Egypte et au nord du Caire (région Sombati).

Ils vivent en marge de la société et ont leur propre culture, leur propre language. Les Ghawazy se produisaient alors dans les rues, les foires, et lors de festivités privées.

Au 19è siècle avec la colonisation les ghawazy glissent vers la prostitution ; cf le destin de la célèbre danseuse Kutchuk Hanem et sa fameuse danse de l’abeille racontés notamment par Gustave Flaubert.

En 1843, dans une Egypte de plus en plus conservatrice, Mohamed Ali décide d’exterminer les ghawazy, ces dernières sont alors contraintes de s’exiler à l’étranger ou vers le sud de L’Egypte.

La famille Banat Mazen qui vit actuellement à Louxor a été la dernière à se produire publiquement en Egypte. Les prestations de ces femmes jouaient un rôle essentiel lors des célébrations familiales ; fiançailles, fêtes de circoncision, etc.. Aujourd’hui la seule qui continue à vivre de son art, enseigne à l’étranger et aux occidentaux, c’est l’une des sœurs qui se prénomme Khairiyya.

Les Ghawazy sont donc passées en quarante ans de la prospérité à la quasi-extinction.

Technique de danse :
Les danse ghawazy utilise beaucoup la frappe des pieds pour marquer les accents rythmiques et utilise également beaucup les shimmies (tremblements et vibrations du bassin et des épaules).

Les accessoires utilisés sont les sagattes et le bâton.

Instruments et rythmes :
Les instruments de musique utilisés pour le style fallahi sont les mêmes que pour le saïdi : Mizmar, tabla, Rababa, Arghoul (flûte double).
Le rythmes utilisés seront : Le rythme fallahi, engerara, Malfouf, sombati, et Maqsoum

Soraya Lafrid – Danse Orientale Grenoble